MODIFICATIONS RÈGLEMENTAIRES 2024

Le concept de la préservation des espèces piscicoles par l'imposition d'une taille minimale de capture (TMC) date de Charles X, en 1829. Au fil des ans, les tailles ont été augmentée à mesure que les populations se dégradaient avec l'espoir que rajouter quelques centimètres à la TMC inverserait la tendance. En 1829, la TMC du brochet était fixée à 14cm...puis elle n'a cessé d'augmenter..18, 37, 40, 45, 50 puis 60 cm. Les populations de brochet n'ont malheureusement pas eu la même tendance, il y a juste à regarder nos résultats de pêche pour comprendre qu'une simple augmentation de la TMC ne suffit pas à préserver une espèce et qu'elle continue de décliner.

L'explication tient, pour partie, dans le fait que la préservation des petits sujets et le prélèvement des gros contribuent à une sélection génétique des individus à faible croissance et maturité précoce, et conduit à terme à des populations de poissons petits et à la très nette diminution des poissons supérieurs à 65 cm.

Des idées reçues veulent que les vieux poissons ne se reproduisent plus, que les gros brochets soient stériles, que les gros brochets mangent exagérément et porte préjudice aux plus jeunes brochets et au population de poissons blancs...Tout ceci est faux !

Il a été scientifiquement prouvé que les gros brochets, souvent des femelles, sont tout à fait fertiles. Leurs œufs sont plus nombreux et plus fournis en réserves nutritives ce qui améliore le succès de la reproduction avec des alevins plus nombreux, plus résistants face aux extrêmes climatiques et avec un taux de croissance plus élevé grâce à leur potentiel génétique exceptionnel hérité de leur mère "géante". Les gros brochets sont âgés et ne sont plus dans leur phase de forte croissance, leurs besoins nutritionnels sont donc moindres comparés à des poissons de 40 cm en pleine croissance. Ils adaptent donc leur alimentation en mangeant moins mais plus gros. 

Depuis le début des années 2000, de nombreux pays préconisent la préservation des gros sujets pour inverser la tendance, c'est à dire augmenter le recrutement, améliorer la qualité génétique et à moyen terme revoir apparaitre des brochets de belles tailles dans les cours d'eau.

Les grands brochets sont essentiellement des femelles (longévité et croissance supérieure), elles sont donc les plus efficaces pour la reproduction
• Un plus grand nombre d’œufs et une meilleure fertilité (femelle de 60 cm 45 000 œufs minimum, femelle de 100 cm 240 000 œufs en moyenne)
•Un nombre de mâles fécondants supérieur si c'est une grande femelle (brassages génétiques supérieurs)
•Un fractionnement des pontes supérieur chez les grandes femelles (brassage génétique sup. et meilleure survie des œufs face aux aléas climatiques)

Le concept de la fenêtre de capture est d'autoriser le prélèvement de certains sujets tout en protégeant les juvéniles et les gros poissons pour garantir une bonne santé des populations. La fenêtre de capture plébicitée par les pêcheurs en Mayenne est 60 - 75 cm. En dessous des 60 cm, les poissons sont relâchés, comme depuis 1829, et au dessus de 75 cm les poissons sont également libérés pour garantir un nombre de bons reproducteurs au fort potentiel génétique. 

Ce système permet aussi d'augmenter le nombre de poissons intéressant pour la valeur halieutique d'un plan d'eau ou d'un cours d'eau et pour la pratique de la pêche car un brochet de 75 cm relâché continuera sa croissance pour, peut être un jour, franchir la barre mythique du mètre et continuera de nous faire plaisir. Dans les populations très affaiblies, la limite supérieure peut être fixée à 70 cm pour protéger plus de géniteurs et accélérer le processus de renouvellement.

 La fenêtre de capture, partout où elle a été mise en place, a permis de retrouver un équilibre dans les population de poissons tout en préservant un stock de juvéniles pour assurer la pérennité de l'espèce, maintenir un prélèvement sur des sujets de taille correcte pour le plaisir des pêcheurs et conserver une population de gros sujets permettant un maintien d'un fort taux de reproduction, d'un patrimoine génétique "gros poissons" et une haute valeur halieutique des cours d'eau.

Au 1er janvier 2024, sur tous les cours d'eau et plans d'eau de 2ème catégorie, hors parcours "no kill", le prélèvement de brochets ne sera possible qu'entre 60 cm et 75 cm. En dessous de 60 cm et au delà de 75 cm, la remise à l'eau des brochets est OBLIGATOIRE.

La truite fario, présente naturellement sur les têtes de bassins du Nord Mayenne, est de plus en plus menacée. Entre les obstacles à la migration sur les frayères, les différentes formes de pollutions et maintenant le réchauffement climatique et les catastrophes liées (asséchement de cours d'eau l'été 2022, manque de précipitation en février 2023), les populations naturelles de cette espèce sur le département sont de plus en plus mise à mal et les prises de poissons maillés se font de moins en moins nombreuses d'années en années.

La Fédération travaille pour maintenir le milieu propice à la vie de la truite fario et à l'accomplissement de son cycle complet mais cela n'est malheureusement pas suffisant. Aujourd'hui, le code de l'environnement réglemente le prélèvement des salmonidés (hors saumon, ombre et truite de mer) à 6 poissons par jour et par pêcheur...sans distinction d'espèces concernant la truite arc en ciel, le saumon de fontaine et la truite fario. Concrètement, un pêcheur peut indifféremment repartir avec 6 truites arc en ciel ou 6 truites fario "sauvages". Ce prélèvement potentiellement "excessif" sur la truite fario contribue, lui aussi, à la raréfaction de l'espèce.

 La Fédération de la Mayenne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a, entre autres, comme mission statutaire la préservation du cheptel piscicole du département. C'est à ce titre qu'elle a souhaité améliorer la protection de la truite fario sur nos cours d'eau en introduisant une distinction entre truite arc en ciel et truite fario dans le quota de prélèvement. 

Comme pour le quota de carnassiers en 2ème catégorie piscicole où le brochet, espèce classée vulnérable, bénéficie d'une limitation à 2 prises par jour et par pêcheur sur un total de 3 carnassiers, la FDPPMA53 a souhaité également une meilleure prise en compte de la truite fario en limitant son nombre de prise conservée tout en maintenant le nombre total actuel de salmonidés prélevable.

 L'idée a été soumise au vote des pêcheurs l'année dernière de garder un quota salmonidés à 6 mais en y incluant "dont (x) truites fario par jour et par pêcheur".

Le vote s'est prononcé pour un quota de 6 truites dont 2 truites fario par jour et par pêcheur.

A partir du 1er janvier 2024, la quota de prévement des salmonidés sur le département de la Mayenne est donc de 6 truites dont 2 truites fario par jour et par pêcheur.

A la demande de l’AAPPMA de Mayenne, afin de valoriser la pratique de la pêche sportive, le tronçon de la rivière la Mayenne compris entre le barrage de Mayenne (viaduc) et celui de Saint Baudelle passe en parcours « no kill « carnassiers à partir du 1er janvier 2024.

Comme sur les autres parcours de ce type sur la Mayenne, ne seront autorisées, pour la pêche des carnassiers (brochet, sandre, perche, black-bass, silure), que les techniques de pêche aux leurres et à la mouche. La remise à l’eau de ces espèces sera obligatoire, peu importe leur taille.

Concernant la pratique des techniques de pêche destinées à prendre d'autres poissons que les carnassiers (carpe, poissons blancs), c'est la règlementation générale de 2ème catégorie qui s'applique.

A la demande de l’AAPPMA d’Ambrières les Vallées et afin de préserver l’espèce sandre, au même titre que sur la partie DPF (Domaine Public Fluvial) de la rivière la Mayenne, le tronçon entre l’aval du barrage du lac de Haute Mayenne (Saint Fraimbault de Prières) jusqu’à l’aval de la presqu’île (600 m) bénéficiera d’une mise en réserve de pêche temporaire jusqu’au dernier vendredi de mai.

Par conséquent, toute pêche y est interdite du 4ème samedi d’avril au dernier vendredi de mai. Ce tronçon ouvrira donc le 25 mai 2024.